* 42 ans au coeur du Festival Off d'Avignon
Une histoire d'Amour...
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Je participe à ce Festival depuis 42 ans et j’affirme que: Le FESTIVAL OFF d’AVIGNON
est le plus beau, le plus exaltant de tous les Festivals (or, j’ai participé à de nombreux autres aux quatre coins du monde: Bergen, Split, Berlin, Belgrade, Hammamet, Edinburgh …).
Il est un moment unique de vérité et d’humilité pour le comédien qui défend son spectacle au
milieu de 1.700 autres!
Il permet d’évaluer où l’on en est de sa trajectoire artistique, jauger sa capacité à défendre une éthique, tester son enthousiasme au profond de la fatigue, respecter
un camarade qui joue un spectacle avec lequel on n’est pas d’accord, mettre à l’épreuve son
sens de la Fraternité car pendant ce Festival (que le monde entier nous envie) nous défendons
tous la même cause: celle de la survie du Spectacle Vivant.
Je constate que, contre vents et marées, le Théâtre sort chaque fois grandi de cette parenthèse vouée au rêve éveillé.
J’ai vécu ici, comme la plupart de mes camarades, mes plus fortes émotions de théâtre et mes plus belles rencontres avec le public.
Pour y avoir joué dans de nombreux théâtres (de 40 places à 300 places) j’ai pu mesurer à quel point l’énergie dépensée
est partout la même puisqu’elle est le reflet de l’exigence du public qui vient frissonner, rire,
pleurer, réfléchir au sens de sa propre vie. Avignon est l’endroit idéal pour défendre des
idées.
C’est un laboratoire de frissons et de rêves.
Où ailleurs qu’ici peut-on entendre du Giono le matin? du Koltes à midi? du Shakespeare le soir et rêver avec Khalil Gibran au crépuscule ?
Moments inoubliables!
Au Festival de Vichy en 1969, Jean VILAR remettait à la jeune comédienne que j’étais
l’Oscar de la Création.
Je n’ai jamais oublié cet encouragement et c’est le cÅ“ur battant que je
viens chaque année ici livrer au public mes coups de cÅ“ur et retrouver ce que le créateur du
Festival d’Avignon a semé…
Des tentatives existent pour mettre ce Festival en mots, en
images, en slogans, afin de le faire partager à ceux qui ne le connaissent pas encore mais il
faut se rendre à l’évidence:
le Festival d’Avignon ne se raconte pas, il se vit!